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Μύθος

 

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Texte et illustration de François Mantoux

 


A l’aube de ce froid jour d’hiver si similaire à tant d’autres en cette saison, le ciel était sans nuages. Les oiseaux se réfugiaient encore sous la lisière du bois humide après le passage de la rosée habituelle.  Le soleil venait à peine de traverser la ligne d’horizon floue des hautes montagnes du val d’Altron. On pouvait voir dans la partie protégée du vent de la montagne une vieille bâtisse de bois d’où s’échappait une fumée noire de la cheminée. Une petite écurie de trois chevaux était installée à vingt pas au Sud. Mais la maison était vide.

Trois collines plus loin, il s’efforçait de ne pas marcher sur les fines branches qui jonchaient le sol. Le fruit de plusieurs années de chasse lui avait appris à se déplacer rapidement sans faire de bruit. Sur le plateau situé en face de lui, un troupeau de moutons parfaitement tranquille était à la recherche de bonnes plantes à mâcher si rares en cette saison. Varl s’abaissa et se mit à avancer doucement le long d’un rustique mur de pierres entassées que l’on trouve souvent à la campagne et dont on se demande qui en est l’auteur. Arrivé au bout, il aligna la mire de son arbalète sur le mouton le plus proche de lui. Ce dernier devait être bien à soixante mètres tout au plus. Le vent n’était pas très fort ce matin et il lui fut facile de calculer la trajectoire de son carreau. Il tira. Le claquement de son arme se fit entendre mais avant que sa cible ait le temps de réagir, elle avait déjà le projectile ancré dans sa gorge. Le reste du troupeau pris ses jambes à son cou dans un chaos de bêlements mais cela importait peu pour le chasseur : il avait ce qu’il voulait. Il courut vers le mouton et abrégea ses souffrances en lui plantant sa dague dans son crâne. C'était un mâle, bien gras, Varl était fier de lui. Il le prit sur ses épaules et s’engagea sur le chemin du retour.

Depuis bien des années, ce scénario se répétait trois fois par semaine pour nourrir le jeune homme qui était maintenant expérimenté en la matière. Il faisait griller ses proies au feu doux pour ensuite les déguster tranquillement à midi à la chaleur de sa cheminée. Un ruisseau passait à cent mètres à l’ouest de son habitation. Il y allait tous les jours un peu plus tard dans la matinée. Dans cette région, il y  avait peu d’autres hommes, voir pas du tout, en tout cas d’après les explorations de Varl. Mais il se plaisait bien de cette existence et comme on dit, il ne faut pas changer ce qui fonctionne bien. Varl était orphelin, ses parents l’avaient abandonné dès son plus jeune âge dans la forêt, pour une raison qu’il ignorait. Il avait était élevé un bout de temps par les loups, il leur doit ses compétences de chasse. Puis il s’était installé ici, avait construit sa maison, élevé des chevaux et bref, avait fait sa vie. Il pensait peut-être partir bientôt à la recherche d’autres hommes, quitter ses terres natales pour aller se construire une famille. Mais en attendant, il vivrait sa vie actuelle paisiblement.

Le printemps approchait enfin, l’hiver avait été rude et sentir le soleil réchauffer les terres était une bonne chose.

Un jour de chasse comme les autres, Varl décida de s’aventurer un peu plus loin dans les terres car le gibier se faisait plus rare dans la zone. Il décida d’aller chasser près de la cascade de l’autre côté de la forêt. Arrivé là-bas, il eut une heureuse surprise en apercevant un pâturage de buffles en amont de la cascade. Il s’entreprit donc à escalader la paroi rocheuse humide. Il y avait de nombreuses prises pour s’agripper, l’ascension était plutôt aisée. Arrivé en haut, il se mit à plat ventre car le troupeau n’était pas loin. Il se reposa deux trois minutes puis rampa jusqu’à un petit monticule de roches : de là, il avait un bon point de vue pour tirer. La veille, il avait confectionné un accessoire utile pour son arbalète. Il s’agissait d’un bipied qui s’accrochait à l’arme via une petite pince resserable. Il posa donc son bipied sur les roches et s’apprêta à viser. Le buffle le plus proche était à trente ou quarante mètres. Mais en haut de ce plateau, le vent était fort et même à cette distance, il devait se concentrer avant de tirer car le faible poids de ses carreaux en bois de pins les rendait très influençables par le vent. Il mouilla son doigt pour calculer la trajectoire du vent et sa force. C’était un vent du Nord, très froid. Il aligna donc sa mire avec la tête du buffle, retint sa respiration et… Un torrent de flammes s’abattit sur tout le pré, accompagné d’un terrible rugissement. Varl eut le temps de se mettre à couvert sous les roches mais le troupeau périt dans d’atroces souffrances en moins de vingt secondes. Il regarda le ciel et n’en crut pas ses yeux : une énorme bête volait au-dessus de lui, elle brillait  d’un éclat cuivré comme du métal poli, elle avait une queue de serpent d’au moins quinze mètres de long, avec une espèce de masse au bout. Son corps ressemblait à celui d’un crocodile, mais cinq fois plus grand, ses pattes comportaient des griffes aiguisées comme des épées et sa tête était au bout d’un long cou de dix mètres. La tête ressemblait elle aussi vaguement à un crocodile, sauf qu’il y avait six terribles cornes qui continuaient en d’autres plus petites le long d’une crête qui allait jusqu’au bout de la queue. Ses yeux étaient d’un rouge flamboyant et ses mâchoires étaient pires que celles d’un ours. Le monstre volait grâce à deux énormes ailes de chaque côté elles aussi recouvertes d’écailles cuivrées à part sur la fine membrane qui leur permettait de voler.

Varl avait déjà entendu parler de tels monstres lors des légendes orales que d’autres chasseurs lui racontaient lorsqu’ils se rencontraient. Leur nom était « dragons » s’il se souvenait bien. Mais il n’y croyait pas plus que quand on lui racontait que certains chevaux volaient. Enfin tout du moins jusqu’à maintenant. Le dragon ne semblait pas l’avoir vu et il se hâta de rejoindre la petite forêt quinze mètres plus loin. La bête se posa au centre du pré et vint cueillir ce qu’elle avait tué. C’est-à-dire pas moins de dix buffles. Même dans son allure de machine à tuer, le dragon avait une certaine élégance, comme si il était ancestral, tout droit créé par les dieux. Varl n’osa pas s’en approcher. L’odeur de chair cramée était apparemment trop forte pour que le dragon le sente, mais ses cavités auditives remuèrent lorsque Varl dégaina un nouveau carreau de son carquois. Le dragon scruta à travers les arbres pour connaître l’origine de ce bruit. Le vaillant homme rechigna l’idée d’envoyer son projectile entre les deux yeux de la bête car une erreur lui serait fatale.

Peut-être un hominidé dans ce bois… Je ferais mieux d’aller vérifier.

Le cuivré s’approcha de l’homme rapidement, si Varl ne réagissait pas, il allait le remarquer.   

Mais l’endroit où il s’était caché ne lui permettait aucune échappatoire et s’il se mettait à courir à toutes jambes, il n’aurait même pas le temps d’atteindre la falaise qu’il serait entre les terribles mâchoires du prédateur. Il ne restait qu’une seule chose à faire…

Clac ! Le carreau atteint à bout portant la gorge vulnérable du dragon. La bête poussa un terrible rugissement et se recroquevilla sur elle-même. C’était le moment : il se releva et piqua un sprint vers le rebord de la falaise. Il sentit et entendit derrière lui le tambourinement du sol, le dragon ne le laisserait pas s’enfuir comme ça.

Une idée folle lui vint alors à l’esprit. Varl se jeta dans la cascade.

Le monde n’était plus qu’un tourbillonnement de couleurs, de bulles et de douleur. Puis tout devint noir…

Varl se reveilla en pleine nuit sur le bord de l’eau. Il était trempé et, mélangé avec le froid de la nuit, c’était insoutenable. Il se leva brusquement et s’écrasa aussitôt un pas plus loin. Ses membres le déchiraient, il avait des entailles de partout et ses muscles étaient endoloris. Le brave homme s’efforça tout de même de ramper jusqu’à une petite caverne naturelle creusée dans la falaise dix mètres plus loin. Varl devait se reposait, il avait très faim mais ne pouvait pas rentrer chez lui pour grignoter du pain dans cet état. Il décida de passer la nuit…

 

Le lendemain matin, son corps le brulait toujours affreusement mais il pouvait marcher. Il entama lentement le retour jusqu’à son habitation. Son arbalète s’était brisée lors de sa chute, elle ne lui était plus d’aucune utilité. Il s’arrêta un moment dans des buissons remplis de baies savoureuses. Manger lui fit beaucoup de bien, il sentit comme une énergie emplir tout son corps rapidement. Il continua sa marche. Après trois longues  heures de marche à vitesse d’escargot à cause de son état physique déplorable, il aperçut enfin sa maison. Il n’en pouvait plus. Il ouvrit violement la porte, but une gourde d’eau entière et s’affala dans son lit. Le sommeil lui vint immédiatement.

 

***

 

La chaleur du soleil et des pierres rondes caressa son visage et il se réveilla, arme à la main, sur le petit tas de pierres où il avait visé le buffle en haut de la cascade et avait rencontré le dragon. Son périple lui parut très loin. Il regarda son corps et ses habits : il n’avait rien.

L’homme avait dû s’assoupir lorsqu’il chassait et pensa aussitôt que son aventure n’était qu’un rêve. Il en rigola et en oublia sa chasse, il rentra chez lui. Le soleil commençait à s’estomper à l’horizon lorsqu’il arriva. Varl s’arrêta au-devant ses tonneaux ou il stockait l’eau inutilisée de la veille. Il but une longue gorgée puis ramassa une pomme de son bac à fruits puis s’allongea sur son canapé de bois pour la déguster. Lorsqu’il remarqua un détail étrange. La dernière flèche qu’il avait utilisée, ramassée et remise dans son carquois était imbibée d’un sang noir frais qui ne pouvait dater que du jour même, avec des faibles reflets cuivre sur les rebords de la pointe…

 

 

 

 

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Pour mon blog d'Histoire de l'Art que j'ai créé en 6ème je vous ai présenté chaque année le projet de notre classe et nos réalisations.

En 6ème, nous avions réfléchi sur le thème de la Métamorphose avec comme supports la photo et la vidéo. 

En 5ème, nous nous sommes consacrés au thêatre et plus particulièrement au théâtre de rueNous avons écrit des saynètes (petites pièces comiques) sur des thèmes historiques avec notre professeur de français Madame Lambilliotte et notre professeur d'histoire-géographie Monsieur Féréol que nous avons jouées à la fin de l'année lors d'un spectacle. 

En 4ème, nos professeurs ont organisé un échange avec un collège portugais près de Lisbonne où nous sommes allés en fin d'année.A cette occasion, nous avons tous créé un carnet de voyage.

Cette année... les choses se compliquent, on va essayer de faire mieux ! =]

Sur ce blog, je vais aussi continuer à vous faire partager mes créations et mes découvertes artistiques.

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