Paths of Glory
Les Sentiers de la Gloire
de
Stanley Kubrick:
Film culte sur « une catastrophe humaine »
Scénarion de Stanley Kubrick, Calder Willingham et de Jim Thompson
Basé sur le roman “Paths of Glory” de Humphrey Cobb(1935)
Article écrit d’après le livre ‘The Stanley Kubrick Archives’ edited by Alison Castle
Article de Gene D.Philips
« Harris et moi cherchions une histoire ; je me suis souvenu d’un livre de Humphrey Cobb, que j’avais lu quand j’avais quinze ans et qui m’avait impressioné, non pas à cause de ses qualités littéraires mais par la situation tragique de trois de ses personnages – trois soldats innocents accusés de lâcheté et de mutinerie, exécutés pour l’exemple. »
Stanley Kubrick.1957 (à Raymond Haine/Cahiers du Cinéma)
« Paths of Glory » (« les sentiers de la Gloire »1957) est le premier film culte de guerre du cinéaste américain Stanley Kubrick. Il a réalisé plus tard « Spartacus » en 1960 (qui raconte la fameuse révolte des esclaves à l’époque romaine) et le célèbre « Full Metal Jacket »en 1987 (qui se passe pendant la guerre du Vietnam).
Paths Of Glory en 1957, est un film qui se déroule sur le front occidental pendant la première guerre mondiale.
Quand Stanley Kubrick fait un film de guerre, il apporte une réflexion psychologique sur l’être humain, sur la société , la réalité des choses, l’hypocrisie, la déshumanisation de la guerre, la lâcheté et la place de la violence.
1. Biographie
Stanley Kubrick est né dans le quartier populaire du Bronx à New York le 26 juillet 1928. Son père était médecin et photographe amateur. Il lui offrit d’ailleurs son premier appareil photo qu’il ne quitta jamais. Il préférait sécher les cours et errer dans la salle de cinéma à deux pas de chez lui. Il vendit son premier cliché à 17 ans qu’il avait entièrement mis en scène. Puis il fut embaucher comme apprenti photographe et se fit connaître pour ses reportages photos pertinents. C’est par la photographie qu’il approcha le cinéma en faisant des courts métrages. Il est dit que Stanley Kubrick ne quittait jamais son appareil photo sur les tournages.
2. Du livre au film
Les Sentiers de la Gloire fut adapté du roman anti-guerre de Humphrey Cobb (1935) que Kubrick avait lu quand il avait quatorze ans et qui l’avait marqué. Le titre du film fait référence à un poème de Thomas Gray, Elégie écrite dans un cimétière de campagne (1751) dans lequel le poète observe que "les sentiers de la gloire ne mènent qu'à la tombe".
Le roman était divisé en 3 parties :
- avant l'attaque
- l'attaque
- les conséquences de l'attaque (cour martiale et execution)
Kubrick a gardé la même structure (unité d’action/de temps et de lieu)
Il tourna le film à Munich en studio et non pas en France car le film était interdit à cause de son côté diffamatoire envers l’armée française.
Deux décors sont réels : le champ de bataille et le château où les officiers français ont établi leur quartier général.
3. L'armée vue sous un jour peu flatteur
Kubrick décida de montrer en quoi le les généraux français prirent des décisions par rapport à des stratégies de batailles pour favoriser leur promotion. Ils sont présentés comme étant insensibles et stupides. Ils ne prennent pas en compte les problèmes moraux.
4. La mise en scène
L’utilisation de la caméra par Kubrick est différente et originale et lui permet de créer une intensité jusque là rarement atteinte qui a conduit les premiers spectateurs de Los Angeles lors de la première projection à être stupéfaits:
« personne n’a bougé quand les lumières se sont rallumées. Il n’y eut ni applaudissements, ni rien. Je crois qu’ils étaient tout simplement sous le choc ».
La plongée verticale ; quand Kubrick filme par en haut les soldats dans les tranchées montrant une ligne entière de soldats, traversant l’écran d’un bout à l’autre
Le travelling avant ou arrière qui permet suivre l'action ou d'avoir l'impression qu'elle vient vers nous.
La vue latérale ( le travelling latéral) ; montrant les troupes qui progressent ou l’étendue des massacres en balayant les versants avec sa caméra)
La caméra portable équipée d’un zoom ; il filme les réactions à travers des gros plans, ce qui fait pénétrer le spectateur au cœur du combat (contrairement au plan large ou panoramique qui montre la grandeur des scènes) .
Le fish eye ( ou objectif grand angle) ; ce qui déforme un peu et permet d'agrandir le plan latéralement pour obtenir une meilleure vue d'ensemble rapprochée (cela offre une vision des soldats pour donner une impression d'unité)
5. Les scènes de guerre
La scène de la bataille ne dure que 10 minutes dans tout le film. Kubrick montre que la guerre ne se résume pas à des batailles.
6. Le narrateur
Kubrick emploie un narrateur qui fait des commentaires en décalage avec l’image pour mieux montrer l’opposition entre la réalité de la vie dans les tranchées, ‘les centaines de milliers de vie humaine’ et le confort du général Broulard dans le décor somptueux du château.
7. La musique
La musique dans les films de Kubrick est un élément très important (ex : 2001 L'odysée de l'éspace). Au début du film La marseillaise est jouée sur un mode mineur, ce qui n’augure rien de bon. La musique (essentiellement des percussions) illustre la tension du film.
« Ce qui m’a intéressé ici, c’étaient les possibilités dans l’évolution psychologique des personnages. Le film ne délivre pas de message. Ce n’est, en aucun cas, un film ni pour, ni contre l’armée. Au maximum, c’est un film contre la guerre, qui peut placer des hommes dans de telles situations de conscience ».
Stanley Kubrick, 1957. Les Cahiers du Cinéma.
Source :
- The Stanley Kubrick Archives (Taschen, Alison Castle) qui est un excellent livre exposant des photos de tous les films de Kubrick et ses propres commentaires.
- Le Livre Stanley Kubrick (Bill Krohn) expliquant chaque film de l'artiste.